Son père était un oiseau...
Mais le père de Poucet aurait été abandonné par une famille d’oiseaux migrateurs car il ne pouvait pas suivre. Et justement, les oiseaux migrateurs échappent sans cesse aux repérages, piquant entre les mailles de l’espace, au-dessus des nuages, au fond des abysses du ciel, au travers des flèches de pluie, sans souci des abscisses, sans souci des ordonnées.
C’est pourquoi Virgile n’avait pas de nom de famille.
Il fut Noé, père fondateur d’une nouvelle histoire, heureux de marcher sur les routes avec sa progéniture; des routes où ils allaient perdus, ignorants du monde, des cartes, des pièges, des lois humaines. Un homme heureux qui marchait en sifflant.
C’est pourquoi devant les caméras, devant les juges, il ne sut jamais rien dire d’autre, que ceci:
«...J’faisais confiance à mes ch’tiots. J’savais qu’y rviendraient. »
Car la notion d’abandon, aussi bien que l’idée de séparation, étaient absente de son esprit.
pour les migrateurs, la séparation est une donnée tout aussi inévitable et concrète que la couleur du ciel. En même temps, elle est sans cesse abolie par le croisement et le retour.